Pâle ersatz du célèbre discounter violet, une agence bâloise propose un pourboire aux courtiers de Crans-Montana

Immobilier. Tout le monde vous le dira, je suis toujours disposé à collaborer avec mes homologues valaisans en général, et avec mes confrères du Haut-Plateau, en particulier.

Cependant, je me montre plus réservé quand il s'agit de travailler avec des agents inconnus plus éloignés géographiquement.
Il y a une vingtaine d'années, suite à la vente d'un appartement à Crans-Montana, les nouveaux propriétaires souhaitaient que je prenne en charge la vente de leur propriété à Genève.

Je me mis aussitôt en quête de courtiers locaux à qui je pourrais confier ce mandat.

En parlant avec mon ami François, ce dernier m'aiguilla vers un professionnel genevois.

Avide comme tout agent immobilier junior, j'interrogeai mon François sur les us & coutumes financières de collaboration "inter-cabinet" en République de Genève. Il me répondit par une autre question : "En cas de vente, quelle plus-value apporterais-tu à cette transaction ?"

Force me fut d'admettre que je n'en ajoutais aucune.

Depuis ce jour, je n'ai plus jamais eu quelque prétention à "ponctionner" un collègue hors de ma zone géographique. Je n'ai plus jamais exigé ne serait-ce qu'une commission d'apporteur d'affaires à mes pairs basés hors de mon beau Valais, laissant ce procédé aux voraces qui, avouons-le, sont légion dans notre métier.

Mais là n'est pas mon propos du jour.

En effet, la semaine dernière, j'ai reçu -comme pratiquement tous les courtiers de Crans-Montana-, un email d'une agence immobilière bâloise me proposant de vendre un bien de Fr. 2'500'000 en échange d'une commission forfaitaire de Fr. 10'000. Je t'avouerai, ami lecteur, qu'il m'a fallu relire deux fois ce message pour m'assurer d'en avoir bien saisi le fond.

L'agence en question n'ayant pas cru utile de contrôler la traduction de Google Translate, son message ne parle pas de commission mais de "pourboire".

Autrement dit, nous avons été contactés par une agence allochtone, géographiquement aux antipodes helvétiques de notre terrain de jeux, qui veut revêtir la cape de la grosse aubergine violette (oui, celle qui se targue être -au grand amusement des professionnels de la branche- l'agence no 1 en Suisse).

Alors que je me fais violence pour ne viser que l'excellence, un tiers établi "à perpète" espère m'attirer dans le courtage au forfait ?
Dire que le procédé est plutôt cavalier relève de l'euphémisme.

Ni mon code couleur, ni ma politique de vente, ni ma philosophie, et encore moins ma clientèle n'ont pourtant quelque analogie avec la grosse et mauve Bertha du courtage.

Et, n'en déplaise aux confrères qui prennent ma vessie pour leurs lanternes, aux imposants paquebots de l'immobilier et autre géant violacé (z'et turgescent !), il me sierra toujours d'être considéré comme du menu fretin.

Un petit poisson qui n'a de commun avec les balaises précités qu'une seule chose : le choix de la politique de vente.

Trop petit pour être mangé, trop négligeable pour faire de l'ombre à quiconque, je reste cependant l'unique capitaine de mon frêle esquif et mes 34 années d'expérience ne sauraient être compatibles avec les discounters de l'immobilier.

Mon travail se solde uniquement au succès; il se règle en facture et non en bonne-main.

Rendons à Aldi ce qui appartient à Aldi, je resterai toujours un insignifiant orfèvre du courtage.

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